Reflux Gastro-oesophagien, syndrome du colon irritable et « Nez de l’intestin »

Dans la compréhension de l’axe intestins-cerveau, le rôle des cellules entérochromaffines, peu connues, devient essentiel. Vous connaissez sans doute cette sensation pénible dans l’estomac lorsque vous êtes anxieux. Nous savons depuis un certain temps que notre état mental peut affecter l’intestin, mais ce que nous découvrons maintenant avec l’aide de la recherche, c’est comment la santé intestinale affecte le cerveau et le bien-être général et à la jonction de cet axe, se trouvent les cellules entérocromaffines.

L’épithélium intestinal est une fine couche qui sépare le monde intérieur du monde extérieur. Elle est désormais considérée comme une interface dynamique, formant avec l’aide du microbiote, une barrière physique, chimique et immunitaire.

Il existe différentes cellules épithéliales dont les cellules entéroendocrines, les cellules entérochromaffines qui produisent des hormones et des neuropeptides permettant de réguler le métabolisme des cellules intestinales.

Qui sont ces cellules entérochromaffines ?

Ces cellules sensorielles réagissent à des stimuli chimiques, mécaniques et thermiques et sécrètent différents neuropeptides comme la sérotonine, le glucagon et la somatostatine. (R)

Ces cellules entéroendocrines qui libèrent des hormones directement dans le sang sont électriquement excitables. Elles servent de « nez de l’intestin » en transformant un stimulus en un signal électrique utile qui peut utiliser le nerf vague pour atteindre le cerveau instantanément, ce sont des cellules neuroendocrines.

Mon hyper-perception ne rend pas la vie dans ce monde ultra-stimulant très facile mais elle me permet de ressentir des choses subtiles qu’on ne perçoit pas habituellement, mais qui sont réelles.

Ces cellules sensorielles forment des circuits neuronaux et peuvent détecter les irritants, les métabolites et être activées par les neurotransmetteurs associés au stress : les catécholamines, c’est à dire l’adrénaline, la noradrénaline et la dopamine. (R)

L’activation de ces cellules entérochromaffines conduit à une libération de sérotonine et modulent les nerfs sensoriels. (R)

Lorsque le système sympathique flambe, le tonus du nerf vague diminue.

Qu’est-ce-qui stimule les entérochromaffines ?

Les cellules entérochromaffines, interface entre le système nerveux et le système endocrinien collaborent pour augmenter la sécrétion gastrique et la motilité du système digestif lorsque les aliments sont consommés. (R) Dans l’estomac on les nomme cellules entérochromaffines-like.

Utilisant le nerf vague qui est le plus long nerf crânien qui touche de nombreux organes, les réactions ne sont pas uniquement ressenties dans le système digestif mais peuvent atteindre différentes zones corporelles et avoir un impact immédiat sur le cerveau.

En suivant le chemin du nerf vague et avec l’aide des cellules entérochromaffines, un aliment peut induire une réaction à distance dès son ingestion.

Ce sont les odeurs présentes dans le système digestif qui stimulent la libération de sérotonine par les récepteurs olfactifs présents dans les cellules entérochromaffines. La sérotonine est aussi impliquée dans des conditions pathologiques telles que la nausée, les vomissements, la diarrhée et le syndrome du colon irritable.

Ces cellules, « nez de l’intestin » réagissent à de multiples stimuli comme les parfums, les épices, les détergents, les cosmétiques, les protéines et plus particulièrement les acides aminés aromatiques (tryptophane, tyrosine, phénylalanine), le café, l’alcool, les gras saturés, le chocolat, les aliments fermentés, la moutarde, au wasabi ou encore au butyrate, le calcium, l’histamine, le glutamate, les phénols… (R) (R) (R)(R)

Ces  » nez de l’intestin » peuvent être une réponse à cette question que je pose dans  » Vivante Grâce au Ciel ou à la Science? «  : Comment le goût pourrait-il être source de problème ? « 

Notons que le tryptophane, l’un des acides aminés aromatiques est l’élément nécessaire aux entérochromaffines pour produire la sérotonine. Comme nous l’avons vu dans l’article précédent sur l‘axe cerveau-intestin, la sérotonine pourrait atteindre directement le cerveau via le nerf-vague et pas seulement son précurseur, le tryptophane. Cela pourrait expliquer pourquoi il y a plus de lien entre dépression et inflammation ou stress qu’entre dépression et sérotonine. Une vidéo sur ce sujet est disponible sur Youtube

Les cellules entérochromaffines sont aussi capables de reconnaître tant la valeur calorique que gustative des différents sucres. (R)

Ces mécanismes régulant la sécrétion d’acide sont en jeu chez les personnes atteintes de troubles comme le reflux gastro-œsophagien, l’hyper ou l’hypochlorhydrie ou l’achlorhydrie, (R)

Des taux élevés de sérotonine dans le sang ou l’hypersérotoninémie, ont été le premier biomarqueur dans le spectre autistique. (R) Et c’est aussi le cas dans la maladie coeliaque et les niveaux redeviennent normaux après l’éviction du gluten. (R)

Dans la maladie coeliaque ou l’hypersensibilité au gluten, les anomalies métaboliques peuvent être secondaires à l’augmentation du nombre de cellules entérochromaffines (hyperplasie) dans la muqueuse intestinale supérieure de l’intestin grêle ou à une synthèse accrue de sérotonine par chaque cellule entérochromaffine. (R)

Cellules entérochromaffines et infections

Une infection chronique de la muqueuse gastrique (par exemple Helicobacter pylori), les maladies auto-immunes mais aussi l’exposition répétée au même antigène, peuvent développer une inflammation chronique de la muqueuse gastrique.

L’inflammation diminue la sécrétion d’acide gastrique et augmente la libération d’histamine.

Nous savons que le virus de la rage infecte les cellules épithéliales sensorielles de l’intestin. En fait, les pathogènes peuvent utiliser ces cellules neuroendocrines pour accéder au système nerveux périphérique et central et contourner la barrière hémato-encéphalique. (R)

Les neurotransmetteurs du stress (catécholamines) stimule la prolifération, la virulence et l’adhérence des pathogènes. Cependant, cette stimulation entraîne une libération de sérotonine qui favorise la motilité gastro-intestinale pour expulser les microbes infectieux, les métabolites ou les produits chimiques dangereux.

Une stimulation permanente de ce circuit peut provoquer une hypersensibilité viscérale chronique. Il est intéressant de noter que l’aluminium augmente l’hypersensibilité intestinale. Lorsque vos « nez de votre système digestif » sont hypersensibilisés – la génétique joue un rôle important sur cette sensibilité – vous réagissez réellement à de multiples stimuli.

Cette sensibilité n’est pas la même pour tous et les antigènes déclencheurs peuvent varier de l’un à l’autre. C’est pourquoi s’occuper de ses allergies et intolérances personnelles est un point important sur un chemin vers le mieux être.

La surstimulation des cellules entérochromaffines peut entraîner à terme des hyperplasies et néoplasies, cellules pré-cancéreuses.

D’où le grand intérêt de la prévention avec une alimentation hypotoxique et personnalisée.

Cet article est le deuxième du dossier sur l’axe intestin-cerveau, d’autres articles suivront…

En attendant, cultivez votre jardin intérieur pour faire fleurir votre être !

Fedora Gellwen

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