L’intolérance au gluten pourrait être plus dangereuse que la maladie cœliaque

Source : Kresser Chris

Nombreux sont ceux qui minimisent l’importance de la sensibilité au gluten et qui disent même que cela n’existe pas. Bien-sûr, les intolérants savent bien qu’ils ne font pas que suivre une mode. Ce n’est qu’en testant soi-même que l’on peut comprendre.
Il y a de plus en plus de preuves que non seulement la sensibilité au gluten est réelle mais aussi qu’elle est potentiellement plus dangereuse que la maladie cœliaque.

Parfois la critique spécifie que ce n’est pas au gluten que les gens sont intolérants mais à une certaine classe de glucides nommés les FODMAPS. Ce qui peut aussi être le cas d’ailleurs mais cela n’empêche pas la sensibilité au gluten.

Une littérature étoffée lie la sensibilité au gluten à différentes maladies comme le diabète de type 1, les allergies, les troubles du spectre autistique, la schizophrénie. Karl Reichelt, professeur en neurochimie, décédé fin octobre 2016 a fait paraître de nombreuses publications et bien d’autres chercheurs aussi. Mon expérience personnelle est flagrante là-dessus, et pourtant on ne m’a pas trouvé d’anticorps anti-transglutaminase. Le fait est que ce test est largement insuffisant.

1 – La maladie cœliaque est beaucoup plus facile à diagnostiquer que la sensibilité au gluten

Certaines sources estiment que pour un cas de maladie cœliaque diagnostiqué il y aurait 6,4 cas non diagnostiqués (je suis l’un de ces cas non diagnostiqué avec le gène DQ8 et d’autres). Une majorité de formes atypiques ou silencieuses, sans dommage à l’intestin. (1) Silencieuse mais tout autant dangereuse, cette forme est associée à 4 fois plus de décès. (2)

Les personnes sensibles au gluten resteront sans aucun doute non-diagnostiquées même si les gastro-entérologues savent aujourd’hui dépister la maladie cœliaque. Ils testeront les anticorps alpha-gliadine, transglutaminase-2, parfois la gliadine désamidée et l’endomysium, ensuite ils feront une biopsie pour déterminer la présence de dommages aux intestins.

Mais, nous savons maintenant que l’on peut réagir à bien d’autres composants du blé comme d’autres antigènes de gliadine (bêta, gamma, oméga), gluténine, l’agglutinine de blé (présente dans l’herbe de blé), la glutéomorphine, la gliadine désamidée. Les gens peuvent aussi réagir à d’autres types de transglutaminase tissulaire, celle de type 3 que l’on trouve dans la peau et de type 6 que l’on trouve dans le cerveau.(3, 4, 5, 6, 7, 8)

Alors imaginez qu’un malade réagisse à la gliadine désamidée, la gluténine, la glutéomorphine et à la transglutaminase de type 3 ou 6 mais pas à la gliadine alpha ou transglutaminse-2 qui sont les anticorps testés pour la maladie cœliaque, ils vont continuer de manger du gluten toute leur vie et se mettre ainsi gravement en danger. Mieux vaut écouter son ressenti.

La situation n’est pas hypothétique, l’auteur de cet article Chris Kresser voit des cas semblables dans sa pratique.

Voici une capture d’écran d’un de ses patients qui a été testé de manière approfondie

sans-titre

Ce patient ne réagit pas à a transglutaminase alpha-2 ni à la gliadine. Testé de manière conventionnelle, il aurait été déclaré non-cœliaque, fin de l’histoire.

Et pourtant, il réagit à d’autres composants comme la glutéomorphine, la gliadine désamidée, les gluténines, la transglutaminase-gliadine complexe, ce qui montre une réaction auto-immune au blé, à la transglutaminase-3 exprimée dans la peau et dans une moindre mesure dans le cerveau, et à la transglutaminase-6 qui est exprimée dans le cerveau et le système nerveux.

Vous comprenez à quel point le danger est grand.

Ce patient ne produisant pas d’anticorps anti-transglutaminase, principalement présents dans les intestins, il ne ressentira pas les symptômes digestifs. Son intolérance se manifestera par des problèmes de peau, comme l’eczéma ou le psoriasis, ou par des troubles cognitifs ou psychiques comme la dépression, la neuropathie périphérique, l’hyperactivité. (9,10)

Puisque ce patient ne sera pas poussé à éviter le gluten, il risque des maladies graves telles que la sclérose en plaques, l’ataxie, le diabète, et même la sclérose latérale amyotrophique. (11,12,13,14)

Et ce patient est loin d’être une exception.

La majorité des malades n’étant pas testés, comment pourrions-nous connaître la prévalence de la sensibilité au gluten ? Certains chercheurs estiment qu’une personne sur dix pourrait souffrir d’une forme ou d’une autre d’intolérance au gluten. (15)

2 – L’attitude culturelle actuelle signifie que beaucoup de personnes restent non-diagnostiquées

Nombreux sont ceux qui combattent l’idée de l’existence de l’intolérance au gluten, malgré les preuves accablantes du contraire. Ils prétextent une illusion collective, une affaire de mode, accusent même les régimes sans gluten d’être déséquilibrés, poussant même à ne surtout pas tenter l’expérience. Certains n’étant pas forcément dans le business des céréales attaquant même les personnes qui ne mangent pas de gluten avec une ferveur presque religieuse. Chris Kresser écrit qu’il ne comprend pas cette ferveur mais c’est que cet élément est justement très addictif. Personnellement, je pense que moins vous aimez l’idée, plus vous avez de chances d’être vous-même intolérant.

De nouvelles études publiées suggèrent que les personnes souffrant du colon irritable réagissent négativement au gluten et pas seulement aux FODMAPs.

Par exemple, un essai randomisé en double-aveugle, fait en Iran a été spécialement conçu pour déterminer si un groupe de patients souffrant du colon irritable réagissent typiquement au gluten (16).

Voilà comment cela a fonctionné:

80 patients ont suivis un régime «presque sans gluten » (inférieur à 100 mg / jour, soit l’équivalent d’environ 1/8 cuillère à café de farine de blé).

Après six semaines, les 72 patients qui ont respecté le régime alimentaire ont connu une amélioration significative et ont été randomisés en deux groupes: A et B.

– Groupe A (35 patients) ont mangé 100 g de farine avec gluten mais sans FODMAPs
– Groupe B (37 patients) ont mangé 100 g de farine sans gluten, riz, maïs, glucose

Les patients dans les deux groupes ont consommé ces farines pendant six semaines, tandis que les deux groupes ont continué sur les régimes alimentaires sans gluten.

Après six semaines de régime, les symptômes étaient sous contrôle chez 26 % du groupe avec gluten, par rapport à 84% du groupe sans gluten. Dans le groupe avec gluten, tous les ballonnements, les douleurs abdominales ont augmenté de manière significative une semaine après le redémarrage du gluten.

Les auteurs soulignent qu’il est important de bien identifier l’intolérance au gluten et de la distinguer de l’intolérance aux FODMAPs car des recherches récentes suggèrent que les régimes faibles en FODMAPs peuvent avoir des effets néfastes sur le long terme sur le microbiote intestinal. Une étude a montré qu’un régime faible en FODMAPs par rapport à un régime alimentaire « normal », réduit la proportion et la concentration de bifidobactéries, l’une des espèces de bactéries les plus bénéfiques du côlon. (17)

3 – De nombreux médecins et patients ne sont pas assez sérieux avec l’intolérance au gluten

Même si certains patients se savent intolérants au gluten, ils peuvent être dissuadés de suivre un régime strict par leurs amis, les articles sur le sujet, leur médecin même, tous étant mal informés et ne comprenant pas les lacunes des tests utilisés habituellement et la complexité du sujet. Ne vous attendez pas aux encouragements dans votre démarche alimentaire pour récupérer la santé.

Plutôt que de fuir le sujet, on devrait au contraire être plus vigilant et plus efficace dans les diagnostics.

Nous devrions avoir accès à des tests plus performants. Nous avons besoin d’une meilleure formation des médecins sur la façon de reconnaître la myriade de symptômes et de conditions associés à l’intolérance au gluten. Il ne faut pas faire l’erreur de penser que puisqu’il n’y a pas de symptômes digestifs il ne peut y avoir d’intolérance au gluten.

Même sans avoir accès à des tests performants on peut faire une période d’élimination suivi d’une réintroduction/provocation. Supprimer le gluten pendant 60 jours et le réintroduire, puis observer les réactions du corps, reste une méthode fiable d’évaluation de l’intolérance au gluten.

Au contraire de ce que l’on peut entendre, il n’y a pas de risque à supprimer le gluten de l’alimentation. (18)

Enfin, il est intéressant de souligner que beaucoup d’intolérants au gluten ne supportent pas non plus certaines protéines des produits laitiers, des œufs et malheureusement ne supportent pas le café.

Des études ont montré qu’environ 50% des patients atteints de maladie cœliaque montrent une intolérance à la caséine, une protéine dans le lait. (19)

Cela peut expliquer pourquoi jusqu’à 30 % des personnes souffrant de maladie cœliaque continuent d’avoir des symptômes ou des signes cliniques après l’adoption d’un régime sans gluten. C’est pourquoi, je recommande (Chris Kresser mais moi aussi) dans la phase d’attaque, une alimentation complètement sans gluten, ni produits laitiers.(20)

Fedora Gellwen

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