La stimulation du nerf vague est conseillée comme une panacée pour stimuler le système parasympathique – système du repos et de la digestion – et aider contre les maladies chroniques. J’ai moi-même un article sur mon site qui en vante les bienfaits et vous propose divers moyens faciles pour le faire. Je vous invite à le lire pour compléter celui-ci.
L’axe intestins-cerveau : le nerf vague
Le nerf vague supervise des fonctions comme l’humeur, le système immunitaire, la digestion et même le rythme cardiaque.
Le chant est l’une des pratiques qui permet de stimuler le nerf vague mais chez moi, les effets n’ont pas été ceux vantés un peu partout sur le net. Dans cet article, je vous explique les différentes raisons qui peuvent expliquer les méfaits advenus. Juste parce qu’une femme avertie en vaut deux.
Les effets secondaires possibles de la stimulation du nerf vague
La stimulation du nerf vague serait conseillée dans différentes conditions comme la dépression, le syndrome du stress post traumatique et les maladies inflammatoires de l’intestin. La stimulation du nerf vague augmenterait le tonus vagal et réduirait l’inflammation. Mais les études sont toujours en cours pour savoir qui peut vraiment bénéficier de cette technique. (R)
Il y a quelques années, une jeune femme qui suivait mon travail et avait de sérieux problèmes de santé m’a rapporté avoir aggravé sa situation après avoir utilisé un appareil de stimulation électrique du nerf vague. Habituée des conseils de la nutrition « saine » qui se montrent finalement délétères, je n’avais pas été très surprise. Ce fût un premier avertissement sur les effets délétères possibles de cette fameuse stimulation.
Si les effets secondaires les plus courants sont temporaires et comprennent l’enrouement, la toux et l’essoufflement d’autres méfaits méconnus et plus graves peuvent advenir. La démarche peut même être complètement contre-productive et aggraver votre santé.
D’autres risques et effets secondaires possibles de la stimulation du nerf vague :
- douleur à l’oreille, à la gorge ou à la poitrine
- maux de tête
- troubles de la déglutition
- difficulté à parler
- perturbation de la voix
- troubles du sommeil
- troubles digestifs : nausées, vomissements, indigestion
- engourdissement, picotement, fourmillement de la peau ou autour du cou
D’autres effets moins courants d’une surstimulation du nerf vague :
- perte de poids
- intolérance à l’exercice
- apnée du sommeil et ronflement
- vertiges
- excitation cérébrale
- irritabilité
Chanter le Gospel a hélas provoqué plusieurs de ces symptômes : excitation cérébrale, troubles du sommeil, gastrite, sinusite… pour ne citer que les plus flagrants.
Symptômes gastro-intestinaux chez les chanteurs
Vous pensez peut-être que ces effets secondaires sont rares mais voyons ce que dit la littérature concernant les chanteurs.
Quand l’acidité de l’estomac remonte vers l’œsophage, elle peut irriter la gorge et les cordes vocales. Cela réduit vos capacités vocales
Une étude faite sur un petit groupe de chanteurs d’opéra étudiants (30) a montré une prévalence de reflux gastro-œsophagien de 96.67% dont 50% avaient des symptômes de reflux. (R)
Une autre étude démontre un risque accru de pathologies du larynx comme l’enrouement, le reflux gastro-oesophagien, l’œdème et les polypes chez les chanteurs professionnels.
Une autre étude a observé une prévalence de 46.09% de dysphonie (trouble de la voix qui peut concerner son intensité, sa hauteur et son timbre) chez les chanteurs et ce quel que soit le style ou le professionnalisme des chanteurs. (R) (R)
Le reflux acide peut avoir plusieurs noms : brûlures d’estomac, reflux gastro-œsophagien (RGO), indigestion acide ou reflux silencieux. Car l’un des aspects les plus frustrants du reflux laryngopharyngé est qu’il est possible que vous ne le sentiez même pas ! C’est de là que vient le terme « reflux silencieux », qui signifie qu’il ne provoque pas les brûlures d’estomac souvent associées aux problèmes de reflux.
Quand nous chantons nous contractons les muscles de l’estomac ce qui induit une pression intra-abdominale sur le sphincter œsophagien et une remontée d’acide gastrique dans l’œsophage. Si vous souffrez déjà d’un excès de pression gazeuse dans l’intestin, la pression supplémentaire exercée par le chant peut être le point de basculement qui fait pénétrer le reflux dans l’œsophage.
L’acidité peut irriter la gorge et les cordes vocales. Cela réduit vos capacités et l’amplitude vocales.
Vous trouverez dans cet article des informations sur le reflux gastro-oesophagien
Je me souviens de cette période ultrastricte d’hygiène alimentaire il y a 13 ans, où étrangement je réussissais à chanter des chansons de Michel Jonasz alors que mon amplitude vocale avant les changements ne me l’avait jamais permise.
Théoriquement je sais ce qu’il me reste à faire pour réparer les dégâts d’une année de Gospel sur l’état de mon estomac. Ne pas forcer sur ma voix, fuir le stress et revenir à cette hygiène ultrastricte car le chant n’est évidemment pas la seule cause, il y a toujours les méfaits des oxalates, des salicylates, des intolérances alimentaires, etc.
Stimulation du nerf vague et histamine
Longtemps après les méfaits de la stimulation du nerf vague sur cette lectrice, j’avais eu un deuxième avertissement.
Alors que j’essayais l’exercice qui consiste à croiser ses mains derrière la nuque et sans bouger la tête à tourner son regard vers l’un des coudes, j’ai eu rapidement un symptôme d’un trop plein d’histamine, l’incapacité à respirer profondément.
Quel ne fût pas mon étonnement car je croyais me faire du bien et finalement, ce n’était pas le cas. J’ai réitéré plusieurs fois pour être sûre de l’effet et ce fût chaque fois la même chose.
Alors, bien-sûr, comme je le fais toujours, j’ai cherché à comprendre et hélas, on ne trouve pas beaucoup d’études sur ce sujet mais malgré tout, voici certaines études qui montrent que la stimulation du nerf vague agit sur le niveau d’histamine.
Dans cette étude de T P Gottwald et al., la stimulation du nerf vague a augmenté la teneur en histamine des mastocytes de la muqueuse intestinale chez des rats. Alors que la vagotomie (section du nerf vague) permettait d’éviter cet effet. (R)
Cette publication de Paul Forsythe montre également que la stimulation du nerf vague augmente la sécrétion d’histamine par les mastocytes respiratoires lors d’une provocation antigénique. La stimulation du nerf vague augmente la réaction des mastocytes aux allergènes. (R)
Si vous souffrez d’intolérance à l’histamine, stimuler votre nerf vague n’est peut-être pas une bonne pratique pour vous.
Stimulation du nerf vague et cycle veille/sommeil
Dès le premier cours de Gospel, la nuit qui suivi fût blanche et ce fût à chaque fois le même effet sur mon sommeil.
La stimulation du nerf vague diminue le sommeil en journée chez des patients épileptiques ayant un traumatisme crânien. Une étude de Xiao-Yang Dong et Zhen Feng m’a semblé intéressante car ils ont observé que la stimulation du nerf vague augmente l’expression de l’orexine et favorise la récupération de la conscience chez les rats comateux après une lésion cérébrale traumatique. En effet, la zone de projection du nerf vague dans le cerveau coïncide avec les récepteurs à orexine qui participent au cycle veille/sommeil. (R)
Plus vous stimulez l’orexine et plus vous êtes réveillé. Ce dont je n’ai absolument pas besoin, ayant souffert d’importants troubles du sommeil depuis ma plus tendre enfance.
Et pourtant, la stimulation du nerf vague est conseillée pour calmer le système nerveux.
Nerf vague et système nerveux sympathique
Le nerf vague est considéré comme le nerf central du système parasympathique mais d’une part il a plusieurs branches et d’autre part, le nerf vague contient aussi des fibres nerveuses sympathiques et leur quantité est liée aux états pathologiques cardiovasculaires et neurologiques. (R) (R)
La stimulation du nerf vague augmente la neuromodulation des monoamines. Elle augmente notamment la norépinéphrine dans l’hippocampe et l’amygdale. Mais aussi une augmentation de la dopamine. Ces deux neurotransmetteurs sont tous deux des catécholamines. Et les catécholamines sont des neurotransmetteurs du système nerveux sympathique, c’est-à-dire du système de survie. (R) (R)
La stimulation du nerf vague droit active les zones de récompenses dopaminergiques. Cette stimulation « soutient le comportement d’autostimulation, conditionne les préférences de saveur et de lieu et induit la libération de dopamine dans la Substantia nigra. » (R)
D’autres résultats publiés dans Nature Communications en 2020 ont montré que la stimulation du nerf vague droit augmente la recherche de récompense. Ce qui signifie que la stimulation du nerf vague peut encourager ou entretenir des comportements addictifs. (R) (R)
Cet effet sur la recherche de récompense est particulièrement effectif lors de la stimulation de la branche intestinale supérieure du nerf vague. Partie fortement stimulée lorsque vous chantez.
Hélas, même dans des conditions d’études du nerf vague il est très difficile de manipuler des organes en particulier tant les différentes branches du nerf vague sont entremêlées. Les chercheurs ont utilisé une combinaison d’outils moléculaires (optogénétique) délivrés par voie virale pour ne stimuler que l’estomac et la partie supérieure de l’intestin.
Mais lorsque vous utilisez divers exercices pour stimuler votre nerf vague, tel que le chant, vous ne pouvez pas choisir la partie du nerf vague que vous stimulez. Vous stimulez donc le nerf vague gauche, droit et différents nerfs efférents ou afférents (efférents du cerveau vers les organes et afférents des organes vers le cerveau) sans aucun ciblage. Pour cette raison, on peut facilement se faire plus de mal que de bien.
Ces divers résultats montrent que le nerf vague n’est pas seulement lié au repos et la digestion. « La stimulation du nerf vague réduit la fréquence de l’activité myoélectrique gastrique, un marqueur de la vitesse de digestion du tractus gastro-intestinal. En d’autres termes, cela ralentirait la digestion des aliments au lieu de la faciliter. » (R)
Le blocage du nerf vague
Si on entend beaucoup parler de la stimulation du nerf vague, on entend beaucoup moins parler du blocage du nerf vague ou de la vagotomie qui suscite cependant un intérêt croissant.
Le blocage du nerf vague s’obtient aussi avec une stimulation mais haute fréquence alors que la vagotomie est la section chirurgicale du nerf vague au niveau de l’abdomen.
Comme le montrent certaines études, la vagotomie, plus connue que le blocage du nerf vague a été utilisée contre l’ulcère gastrique et le reflux gastro-œsophagien.
Pour l’instant, le blocage du nerf vague a été prouvé efficace dans le traitement de l’obésité. Le blocage du nerf vague entraîne une diminution de la faim et favorise la satiété. (R)
Le blocage du nerf vague pourrait aussi être utilisé dans le cadre des maladies métaboliques comme le syndrome métabolique et le diabète de type 2.
Le blocage du nerf vague est aussi utilisé pour réduire la douleur, notamment dans le cadre des cancers en interrompant la transmission des signaux transmis du corps vers le cerveau. (R)
Le nerf vague est étroitement lié au système digestif, influençant la motilité intestinale, la sécrétion d’enzymes et la perception des signaux de satiété. En bloquant sélectivement le nerf vague, certains chercheurs espèrent améliorer les symptômes de troubles digestifs tels que le syndrome de l’intestin irritable (SII) et la maladie de reflux gastro-œsophagien (RGO).
Geler le nerf vague contre l’obésité
David Prologo, professeur associé au département de radiologie et des sciences de l’imagerie de la faculté de médecine d’Emory a conduit une étude sur les effets du blocage du nerf vague par le gel chez 20 personnes souffrant d’obésité. (R)
Il explique : « Il faut deux minutes pour geler le nerf, à moins 40 degrés Celsius »
Six mois après l’intervention, les patients ont fait état d’une diminution de la faim dans 95 % des cas. Et il est important de noter qu’il n’a pas été demandé aux participants de limiter les calories ou de suivre des restrictions alimentaires ou des programmes d’exercices.
Stimulation ou blocage du nerf vague, là est la question ?
Dans mon cas, il est évident maintenant que je dois éviter la stimulation du nerf vague. Cependant, même si c’était accessible, je ne me tournerais pas vers le blocage du nerf vague. Je vais tenter de m’appliquer les prochains mois à réduire le plus de stimuli possibles afin de réduire la stimulation du nerf vague et de rendormir la gastrite. Ce qui signifie que je vais devoir revenir à une hygiène de vie et alimentaire aussi stricte que dans les débuts il y a 13 ans. Un véritable nouveau défi !
Ces informations nous montrent une nouvelle fois l’importance de la personnalisation et dans le cas du nerf vague la nécessité de savoir choisir la bonne pratique si on veut y recourir. Les deux approches ont des applications différentes et sont utilisées pour traiter divers troubles de santé.
Voici à ce jour quelques indications
Pour simplifier, on pourrait dire que le blocage du nerf vague diminue l’activité nerveuse alors que la stimulation du nerf vague augmente l’influx nerveux. De quoi pensez-vous avoir besoin ?
En ce qui me concerne, chanter le Gospel était pour moi une bonne façon de cultiver la joie en moi mais ce fût une nouvelle erreur car entretenir un système digestif sain est toujours la façon la plus efficace de maintenir une humeur stable et joyeuse.
C’est à regret que je n’ai pas repris le Gospel en septembre.
Fedora Gellwen