Sélectivité alimentaire et traits autistiques

Sélectivité et sévérité de l'autisme ou de l'hyperactivité

Les personnes avec autisme ont 5 fois plus souvent des troubles alimentaires et une sélectivité particulière que les personnes neurotypiques. Nous faisons souvent la fine bouche mais sans la gastronomie, nous sommes difficiles (à nourrir). Ma mère s’en plaignait souvent, elle me disait difficile mais avec une exubérance alimentaire malgré tout. Oui, quand j’aimais je mangeais plus que nécessaire mais je pouvais refuser totalement un plat non à ma convenance.

Les personnes avec autisme ont des particularités du traitement sensoriel qui causent certaines aversions : goûts, textures, couleurs, types ou marques d’aliments, etc. Ce n’est pas une information nouvelle sur le sujet. (R)

Mais cette sélectivité particulière résulte à encore plus de traits autistiques ou d’hyperactivité, c’est ce que montrent des études récentes.

Le problème d’une alimentation restreinte et mal choisie est qu’elle se traduit par des manques nutritionnels et souvent une surcharge pondérale. Les carences qui peuvent advenir sont multiples, telles que : acides aminés, calcium, phosphore, sélénium, vitamine D, vitamine B1, B2, B12, omégas 3.

L’étude Generation R, publiée en mars 2022, incluait 4092 enfants et analysant les traits autistiques de leur enfant à 1,5, 3 et 6 ans, la sélectivité alimentaire à 4 ans et la consommation alimentaire à 8 ans

Cette étude montre que plus il y a des traits autistiques dans la petite enfance moins bonne est la qualité de l’alimentation au milieu de l’enfance. La sélectivité alimentaire semble jouer un rôle clé dans cette association.

Une autre étude, publiée en février 2022. Des modèles distincts de l’alimentation des enfants à 2 ans étaient prédictifs des trajectoires de développement des problèmes d’hyperactivité-inattention entre 3 et 8 ans. (R)

La nutrition comme thérapie

Et les apports nutritionnels étant importants pour l’équilibre physiologique, limiter l’inflammation et le stress oxydatif, trois facteurs majeurs d’autisme, moins l’alimentation est variée et nutritive et plus l’autisme se fera sentir.

C’est pourquoi, à l’inverse, une alimentation saine et variée, adaptée aux particularités de chacun donne de bons résultats pour atténuer les différents traits autistiques et réduire la survenue des comorbidités. Des preuves de plus en plus nombreuses ont confirmé l’altération de la composition microbienne de l’intestin chez les enfants avec troubles du spectre autistique et les aliments modulent la flore microbienne intestinale et favorisent la croissance des bactéries bénéfiques dans l’intestin.

Bactéries et choix alimentaires

Comme je l’indiquais dans un article du 23 juin 2020 sur mon site, les bactéries intestinales sont minuscules mais peuvent jouer un rôle démesuré non seulement dans la santé digestive de l’animal hôte, mais aussi dans son bien-être général. Selon une nouvelle étude publiée dans Nature, des bactéries intestinales spécifiques présentes dans le ver peuvent modifier le comportement de l’animal et orienter ses décisions alimentaires. Cette recherche a été financée en partie par les National Institutes of Health.

Et aujourd’hui, plus de doute non plus, que le microbiome intestinal peut affecter les capacités cognitives, le métabolisme, la prise ou la perte de poids, l’humeur et même la dépression. Il peut également être à l’origine d’une inflammation susceptible de provoquer un cancer, un diabète, la maladie de Crohn ou le syndrome du côlon irritable.

L'addiction à certains aliments

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Pendant le processus de la digestion, en tout cas chez les personnes souffrant d’hyper-perméabilité intestinale (nous en souffrons de plus en plus) la caséine et le gluten sont partiellement décomposés en substances appelées peptides opioïdes, qui ont une structure chimique semblable à la morphine. Ces opioïdes, appelés casomorphine, gluteomorphine et gliadinomorphine, ont un effet sur le système nerveux central et les neurotransmetteurs.
Les peptides (chaîne d’acides aminés) de gluten et de la caséine sont importants parce qu’ils réagissent avec les récepteurs d’opiacés dans le cerveau, imitant ainsi les effets des opiacés comme la morphine et l’héroïne.

Les enfants atteints d’autisme ont souvent un goût immodéré pour le pain, les pâtes (au gruyère), les pizzas et les produits laitiers et pour le sucre.
Ces personnes atteintes d’autisme, de schizophrénie, maladies psychiques en général, de maladies neurologiques, réagissent très fort au gluten et aux produits laitiers mais ces aliments ont un effet sur le psychisme de tout le monde. Car comme l’explique le Dr Fasano,  ces peptides – que personne ne digère complètement sont absorbés dans le corps, se lient à des récepteurs opiacés et entraînent la modification du comportement provoquant différentes réactions physiologiques.

Des recherches sur des souris ont montrées que le sucre est une substance très addictive, tout autant que des drogues dites dures.
Des expériences avec des humains cette fois, ont montrées que la zone du cerveau activée était différente suivant l’index glycémique. Les sujets qui consomment des aliments à fort indice glycémique ont montré une activation de la région appelée noyau accumbens. Or, celle-ci est connue pour jouer un rôle important dans le système de récompense, le plaisir mais aussi la dépendance. Selon le Dr Ludwig, l’activité relevée chez ces sujets est même similaire à celle créée par la nicotine ou l’héroïne.
L’épidémie de diabète de type 2 montre à quel point nous sommes devenus dépendants de certains aliments.

Quelques petits conseils pour les enfants difficiles

Votre souhait sera bien-sûr d’obtenir l’adhésion de votre enfant, mais si vous avez un enfant avec autisme alors, vous êtes déjà en train d’imaginer la galère. Alors voici quelques petits conseils qui ne mangent pas de pain (grand bien leur fasse) à mettre en place doucement.

  • Afin d’apporter des nutriments absolument nécessaires, vous pourriez faire fondre des légumes et préparer des purées pour les introduire en petites quantités d’abord dans des mets qu’il aime. Mieux l’enfant est nourri, plus les traits autistiques diminuent. Mais aussi, plus on réussit à varier la nutrition, plus le microbiote change et plus l’enfant s’ouvrira à d’autres plats.
  • Par exemple, faire une purée de pommes de terre en rajoutant de la purée de carotte ou autre légume qui ne changera pas la couleur. Préparer des purées et les mélanger au steak haché ou à des boulettes de viande.
  • Introduisez de nouveaux aliments, invitant votre enfant à vous aider à la préparation. En toute petite quantité d’abord, même une miette, c’est toujours cela de gagné. Si vous êtes plusieurs à table, servez la même quantité à tout le monde et que chacun mangera.
  • Vous pourriez lui parler de la nouvelle consistance, de la nouvelle couleur, de l’effet qu’il pourrait ressentir. Oui, ça va être bizarre mais peut-être que tu aimeras.
  • Autorisez votre enfant  à recracher (proprement) afin qu’une autre fois, il veule bien réitérer l’expérience.
  • N’essayez pas plein d’aliments nouveaux dans la même semaine, les personnes avec autisme sont réfractaires aux changements. Alors, tentez plusieurs fois (2 fois) le même aliment avant de choisir une nouvelle tentative.
  • Votre enfant aime les chips, peut-être pourriez-vous préparer des chips avec des légumes moins riches en glucides.

Internet regorge d’idées.

Fedora Gellwen

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