Depuis des années, la vitamine D – vitamine du soleil – est la préférée et la plus recommandée tant par les médecines allopathiques qu’alternatives et pour cause, elle est impliquée dans de nombreux aspects de la physiologie humaine Cependant, les dernières recherches montrent que les bienfaits pourraient avoir été surestimés.
VITAMINE D ET FRACTURES
Les dernières méta-analyses montrent que l’utilisation de suppléments contenant du calcium, de la vitamine D ou les deux, n’est pas associée à un risque moins élevé de fractures chez les personnes âgées. (R)(R)
La plus vaste étude clinique jamais réalisée sur les avantages de la vitamine D dans la prévention des fractures est publiée dans le BMJ avec plus de 500 000 personnes et environ 188 000 fractures dans 23 cohortes de nombreux pays. Comme les niveaux de vitamine D sont fortement influencés par les gènes, les chercheurs ont utilisé des marqueurs génétiques des taux sanguins de vitamine D (appelés randomisation mendélienne) pour éviter les biais normaux des études observationnelles, tels que la confusion des causes et conséquences de la maladie. (R)
Les résultats n’ont montré aucune association entre les niveaux de vitamine D au cours de la vie et le risque de fracture.
VITAMINE D, CANCER et AUTRES MALADIES NON SQUELETTIQUES
Une grande étude randomisée a montré que ni la vitamine D ni les suppléments d’huile de poisson ne réduisent le risque de cancer ou le nombre de maladies cardiovasculaires chez les adultes en bonne santé. (R)
La supplémentation n’a pas montré d’effet sur la plupart des affections non squelettiques, notamment les maladies cardiovasculaires, l’adiposité, le métabolisme du glucose, les troubles de l’humeur, la fonction musculaire, la tuberculose et les maladies colorectales, les adénomes, ou sur des conditions maternelles et périnatales. (R)
La principale nouvelle découverte mise en évidence par cette revue systématique est que la supplémentation en vitamine D pourrait aider à prévenir les infections courantes des voies respiratoires supérieures et les exacerbations de l’asthme.
Rien n’indique que la supplémentation en vitamine D ait un effet sur la plupart des affections, y compris l’inflammation chronique, malgré l’utilisation de doses accrues de vitamine D, renforçant l’hypothèse selon laquelle un manque de vitamine D est la conséquence d’une mauvaise santé et non sa cause.
VITAMINE D ET MALADIES INFLAMMATOIRES DE L’INTESTIN
Le même genre d’étude paru dans Medecine en novembre 2018 montre que le traitement à la vitamine D permet une rémission chez les patients souffrant de maladies inflammatoires de l’intestin. (R)
Cependant, il n’a été noté aucune différence significative entre le traitement à dose faible et ceux à doses plus élevées.
Et deux marqueurs de l’inflammation, la vitesse de sédimentation érythrocytaire et la protéine C-réactive hautement sensible n’ont pas montré de différence statistiquement significative entre le groupe témoin et celui qui prenait de la vitamine D.
VITAMINE D, AUTISME ET AUTRES TROUBLES NEUROPSYCHIATRIQUES
La vitamine D joue un rôle important dans la neurogenèse, la neuroprotection et le développement neurologique. Il existe une relation entre les mutations du gène VDR, récepteur de la vitamine D et les troubles envahissants du développement ou d’autres troubles neuropsychiatriques. (R)
Les carences notamment celle en vitamine D sont plus fréquentes chez les enfants autistes mais ce serait plutôt une conséquence comme l’indiquent les dernières études. (R)
D’ailleurs, d’autres études suggèrent même que l’autisme serait de nature inflammatoire avec des troubles de l’immunité innée. Les auto-anticorps ciblant les sous-ensembles du cerveau et du glutathion montrent que les TSA peuvent être associés à des niveaux élevés de stress oxydatif . (R) (R)
Mon expérience personnelle confirme ces données car c’est effectivement en contenant au mieux l’inflammation de mon corps que je me maintiens à peu près éloignée des symptômes, même si ce n’est pas une sinécure.
Fait étonnant, une étude a trouvé des taux sériques de vitamine D significativement plus élevés chez les enfants avec troubles du spectre autistique et certaines mutations avaient un effet sur ce taux. (R)
Les mêmes résultats ont été obtenus chez des patients atteints de sclérose en plaques.
L’étude propose qu’il s’agit peut être d’une réponse compensatoire due à une activité réduite du récepteur VDR. (R)
VITAMINE D ET IMMUNITÉ
Toutes ces dernières données sur la vitamine D me semblent appuyer les travaux du professeur Trevor Marshall dont j’avais traduit et mis en ligne un article en 2014.
L’hypovitaminose D est une affection fréquente y compris dans plusieurs maladies auto-immunes mais on ignore si celle-ci pourrait être une conséquence ou une cause de maladies auto-immunes et si une supplémentation en vitamine D a un impact sur ces patients. (R)
Le professeur Marshall pense qu’il y a une forte probabilité que les maladies auto-immunes soient causées par des pathogènes. La supplémentation en vitamine D désactive le récepteur VDR et la réponse immunitaire, donc l’inflammation mais cela va permettre aux pathogènes de se multiplier plus facilement. La vitamine D est en fait un immunosuppresseur.
Ses recherches montrent que les taux de vitamine D sont naturellement régulés à la baisse en réponse à la dysrégulation du VDR par des agents pathogènes chroniques. Dans de telles circonstances, une supplémentation en vitamine D est non seulement contre-productive, mais elle est également néfaste, car elle ralentit la capacité du système immunitaire à lutter contre ces bactéries. (R)
VITAMINE D ET PARADOXE
Les zones mondiales qui ont les taux de vitamine D les moins élevés, Asie et Moyen Orient ne sont pas typiquement des territoires où le soleil brille peu et la vitamine du soleil est depuis longtemps utilisée dans les pays du nord conjointement avec une consommation élevée de produits laitiers et pourtant l’ostéoporose n’a pas diminué et ils ont même la première triste place du podium. (R)
Alors que le statut vitaminique est en général plus mauvais chez les personnes âgées, des études ont montré qu’en Asie du sud est, elles avaient des niveaux de vitamine D plus élevés que chez les jeunes. L’hypothèse de l’étude étant que les personnes plus âgées ont plus de temps pour aller dehors. (R)
Si des études ont montré que des taux faibles en vitamine D sont corrélés à un risque accru d’ostéopénie et de fractures chez les Blancs et les Américains d’origine mexicaine, les mesures du statut en vitamine D ne sont pas corrélées aux mêmes résultats sur la santé des Noirs américains. Malgré des taux faibles de vitamine D chez les Noirs américains, l’incidence des chutes, des fractures et de l’ostéopénie est nettement inférieure à celle des homologues américains de race blanche ayant le même statut en vitamine D. (R)
VITAMINE D ET FOIE
La vitamine D est une neuro-hormone qui doit être métaboliser par le foie pour devenir active, son métabolisme est compromis par tout ce qui peut perturber le bon fonctionnement du foie.
Le cytochrome P450, nécessaire à la production de la forme active de la vitamine D, est hélas déjà très occupé à éliminer les xénobiotiques (substances chimiques) de notre corps.
De nombreux éléments peuvent bloquer le cytochrome P450 comme l’aluminium, le mercure, le cadmium etc. beaucoup de médicaments, les antifongiques, les antibiotiques… (R)
VITAMINE D ET MAGNÉSIUM
Une étude publiée dans le American Journal of Clinical Nutrition en décembre 2018, conclue que des niveaux optimaux de magnésium sont importants pour le statut en vitamine D.
Le magnésium étant un cofacteur de la production de vitamine D active, le Docteur Dai explique que « Une carence en magnésium interrompt la synthèse de la vitamine D et son métabolisme ». (R)
Un traitement avec un supplément de magnésium a entraîné une augmentation des taux de vitamine D chez les personnes qui présentaient des taux bas au départ, mais une réduction chez les personnes ayant des taux élevés.
Ceci est important car il existe une association entre une trop grande quantité de vitamine D et un excès de calcium dans le sang (hypercalcémie), ce qui peut entraîner de graves complications pour la santé. Cet excès de calcium s’accompagne de carence en magnésium et en potassium avec tous les problèmes que cela suppose.
Comme pour d’autres éléments, un excès peut entraîner les mêmes problèmes de santé qu’une carence.
Mais, ne vous précipitez pas sur des compléments de magnésium pour autant. D’ailleurs, généralement, je pense qu’on ne devrait pas complémenter sans connaître exactement le statut corporel de l’élément. Et connaître celui-ci est compliqué car le sang n’est pas révélateur. Pour le magnésium, le sang ne contient que 0,3 % des réserves corporelles. (R)
Mise à jour novembre 2023 : Le test CNA permet de voir les carences intracellulaires
Autre fait dont il faut tenir compte, la concurrence du magnésium avec l’aluminium ou même le calcium. Si vous mangez des produits industriels, des farines raffinés ou du pain blanc même bios, alors vous consommez de l’aluminium qui fera barrage au magnésium.
La meilleure façon de supplémenter son corps en magnésium est sans doute de prendre des bains (ou même bain de pieds) au sel d’Epsom. Le sel d’Epsom est du sulfate de magnésium, le corps tire aussi profit du sulfate qui va aider la phase 2 de détoxication au niveau du foie. De surcroît, la vitamine D que notre corps fabrique grâce au soleil produit aussi du sulfate contrairement à la vitamine du soleil en cachet. (R)
L’association Vit D3 et magnésium est importante pour une bonne activation du VDR.
Conclusion
En conclusion, à la vue de ces quelques données scientifiques choisies, j’ai envie de dire que l’on supplémente énormément de personnes avec de la vitamine D, sans finalement savoir ce que l’on fait. Le problème étant que l’on risque d’aggraver, sur le moyen ou long terme, la santé des malades.
Donc, la question de savoir s’il faut se complémenter a son importance car si l’hypovitaminose D est une conséquence, et je dirais même si elle est une défense du corps contre les infections, comme il advient avec le fer, dont les pathogènes se nourrissent, alors, complémenter pourrait être contre-productif comme le montrent les travaux du professeur Marshall.
Tant que l’on ne voit la santé qu’en matière de symptôme et qu’on tente de les traiter un à un plutôt que de voir le tableau de façon plus générale et de considérer avant tout les causes possibles, alors nous risquons de faire les mauvais choix thérapeutiques. Concernant les causes, je pense que celles évoquées dans l’article nommé « Les vraies causes de l’épidémie de carence en fer, comprendre pour agir » sont aussi valables pour la carence en magnésium et donc en vitamine D.
De surcroît, il n’y a toujours aucun consensus quant au taux santé de vitamine D. Un niveau «normal» peut varier de 50 à 80 nanomoles par litre de sang, mais des études récentes suggèrent que 30 nmol suffisent amplement. (R)
Le Dr Clifford Rosen, scientifique chevronné du Maine Medical Center Research Institute et co-auteur du rapport de la National Academy, dit qu’il n’y a aucune preuve que les personnes avec un taux sérique supérieur de vitamine D soient en meilleure santé.
Le New York Times d’août 2018 a publié un article sur la manne financière de la vitamine D. L’un des grands promoteurs de cette dernière, le Dr Holick entretient des liens financiers étroits avec l’industrie pharmaceutique. (R)
Le mieux serait de se diriger vers une alimentation anti-inflammatoire, dite hypotoxique, afin de traiter les causes, de veiller à avoir un mode de vie sain et de se souvenir que nous sommes supposés vivre en pleine nature et pas entre quatre murs.
Après cette lecture, à vous de juger si vous devez ou non prendre de la vitamine D. Personnellement, au delà du fait que dans le doute je m’abstiens, j’avais choisi de ne pas en prendre, déjà bien avant de comprendre ce qui m’arrivait. Je me souviens que le complément de vitamine D que m’avait prescrit un rhumatologue et qui ne réussissait à changer mon taux sérique a été le tout premier pas vers une meilleure connaissance de mon propre fonctionnement.
Fedora