Maladies digestives, autres pathologies et FODMAPs

Les maladies de l’appareil digestif sont fréquentes. Après 65 ans, 29 % de la population se déclare atteinte et 16 % en dessous de cet âge. 10 % des hospitalisations en services de soins aigus soit près de 1,8 millions de séjour par an, sont dues aux maladies digestives (hors hépatites virales et cancers digestifs). (R)

Les maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI) qui comprennent la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique sont en progression constante, notamment chez les jeunes. Fin 2012, le nombre total de personnes en ALD (affection longue durée) pour ces affections est estimé à près de 142 600, dont 55 % pour maladie de Crohn. (R)

Le syndrome du côlon irritable ne cesse lui aussi de toucher de plus en plus de personnes et atteint environ 10 à 15 % des populations occidentales. 

La prévalence du reflux gastro-oesophagien est elle aussi en augmentation régulière ; 20 à 40 % des adultes souffrent d’un pyrosis, parfois quotidiennement comme pour 2 à 5 % de la population.

Parmi les malades de MICI, près de 90 % ont une autre pathologie : 10 % une maladie cardiovasculaire, 7 % un diabète, 5 % une maladie psychiatrique, 7 % un cancer, 7 % une maladie respiratoire, 16 % sont traitées pour risque vasculaire, 15 % ont un traitement psychotrope…

À toutes ces maladies typiquement digestives, combien pouvons-nous rajouter aux statistiques ?

Car si la plupart des malades des intestins sont pris en charge pour d’autres pathologies, à l’inverse de nombreux malades souffrant de diverses pathologies ont des problèmes digestifs mais consultent plus pour le problème qui leur semble le plus important et qui est pour eux le plus invalidant, car ils ne font pas le lien entre tous leurs problèmes de santé. La médecine nous ayant effectivement appris à diviser notre corps en morceaux. La neuroscience des intestins montre de plus en plus l’importance du microbiote intestinal dans bon nombre de pathologies, des maladies neurodégénératives aux troubles psychiatriques, de la fibromyalgie à l’autisme… (R)

Les maladies digestives ont des origines multifactorielles, à la fois génétiques et environnementales.

Dans ces pathologies, une révision de l’hygiène alimentaire est primordiale, après l’éviction du gluten, des produits laitiers, des produits industriels, du sucre, l’élimination des FODMAPS est aussi très souvent pratiquée.

Bienfait du régime sans FODMAPS

Une méta-analyse de 2017 a fourni des preuves de haut niveau de l’efficacité d’un régime faible en  FODMAP chez les patients atteints du syndrome de l’intestin irritable par rapport aux consignes alimentaires habituelles. (R)

Les FODMAP

Le terme FODMAP nous vient de l’anglais « Fermentable Oligo-, Di-, Mono-saccharides And Polyols”.

Ce sont des hydrates de carbone à chaîne courte qui sont peu absorbés par l’intestin grêle.

On y trouve:

Les oligo-saccharides : fructanes et galactanes

L’intestin grêle ne digère ni les fructanes, ni les galactanes; ils se retrouvent à 99% dans le côlon.

Les fructanes (FOS):

Artichaut, Épeautre, Ail, Poireau (manger aussi le vert diminue la teneur), Oignon, Oignon de printemps (Partie blanche),
Inulin, Betterave, Échalotes, Blé, Seigle, Orge, Kamut, Champignons,  Noix de cajou, Pistaches, Asperges, Broccoli, Choux de Bruxelles, Chou de Savoie, Fenouil, Topinambour, Amandes, Noisettes,
Pastèque, Pêches, Nectarines, Grenades, Pamplemousse, Abricots, Groseilles,
Prunes noires, Pruneaux, figues, dattes, Racine de Chicorée, Pois mange-tout,
Gombo, Citrouille Butternut, Amarante, kaki, tamarillo, manioc, feuille de pissenlit, Suppléments prébiotiques FOS

Les galactanes

Légumineuses, pois, lait de soja, manioc, pois mange-tout, noisettes, noix de cajou, racine de yucca, betterave, brocoli, fenouil, laitue

Les disaccharides tel le lactose

Difficile de savoir combien de personnes sont intolérantes au lactose mais en France, celle-ci toucherait 17% de la population. (R)

L’enzyme qui permet de digérer le lactose, la lactase, est produite au niveau des villosités
intestinales alors si vous avez une maladie cœliaque ou une sensibilité au
gluten qui détruit les villosités alors vous ne produisez plus de lactase.

Vous pouvez souffrir de ces deux (ou bien plus) intolérances mais il se peut aussi qu’après
une période sans gluten vous puissiez supporter le lait.

Plus généralement, un régime strict sans gluten peut améliorer votre tolérance concernant toutes les autres sensibilités. Il est donc intéressant de tenter d’abord cette éviction avant de poursuivre plus loin les expériences mais en général cela reste insuffisant. (R)

Si l’intolérance au lactose est connue, l’intolérance aux protéines de lait est beaucoup plus ignorée.

Le lait fait partie des plus grands allergènes avec le gluten, les crustacés, l’oeuf, le céleri, le sésame, les arachides, le soja, les fruits à coques, la moutarde, le lupin

Lait, beurre (vous pouvez faire du ghee) , yaourt, fromage frais, glace, crème

Les monosaccharides tel le fructose.

Afin d’être absorbé le fructose a besoin de glucose ; en excès le fructose sera mal absorbé chez tous et ce même si l’on ne souffre pas de troubles digestifs.

Il existe aussi l’intolérance au fructose qui est une déficience en enzyme hépatique (génétique), plutôt rare, et la malabsorption du fructose due à un déficit en transporteur du fructose (génétique ou fonctionnelle) dans les entérocytes, beaucoup plus fréquente et en augmentation, elle toucherait au moins une personne sur trois.

La malabsorption du fructose est considérée comme une réponse physiologique normale mais les méfaits sont accentués chez les personnes sensibles, celles qui souffrent de prolifération microbienne de l’intestin grêle.

Les problèmes advenant avec la quantité de fructose absorbée, d’une personne à l’autre et même d’une période à l’autre. C’est pourquoi je dis toujours qu’il n’y a sans doute pas une alimentation valable pour tous et à chaque instant de notre vie.

Des tests respiratoires de charge,  montrent que 53% de la population aura déjà des difficultés avec 25g de fructose et 73% avec 50g mais les symptômes peuvent subvenir avec seulement 5 grammes

La malabsorption du fructose est considérée comme une réponse physiologique normale mais les méfaits sont accentués chez les personnes sensibles, celles qui souffrent de prolifération microbienne de l’intestin grêle. (R)(R)(R)

La malabsorption du fructose représente toute situation dans laquelle le fructose libre est disponible pour être fermenté par les bactéries de l’intestin avant qu’il puisse être absorbé à travers la muqueuse de l’intestin grêle. On ne devrait donc pas consommer les fruits sous forme de jus. (R)

Les conséquences de la malabsorption comprennent :

– Une charge osmotique croissante, c’est à dire que l’eau du corps est attirée dans l’intestin, entraînant ballonements et inconfort

– Nourriture facile d’accès pour une fermentation microbienne rapide, ce qui va favoriser la formation de biofilms. Un biofilm est un groupe de micro-organismes dans lequel les cellules se collent les unes aux autres sur la muqueuse , augmentant leur adhérence et résistance.

– Modification de la motilité gastro-intestinale et de la flore intestinale

Ces effets sont additifs avec d’autres glucides peu absorbés à chaîne courte tels que le sorbitol.

Clairement le fructose aggrave la prolifération microbienne de l’intestin grêle et vice-versa, entretenant un véritable cercle vicieux.

L’université Monash en Australie, grand spécialiste du sujet des FODMAPS puisque cette approche date de 2005 et nous vient de Sue Shepard, nutritionniste australienne, précise que les recherches montrent que l’ajout de glucose pour rééquilibrer la balance fructose/glucose n’améliorent pas les symptômes et que celui-ci ne fait aucune différence pour les fructanes.
Cela augmente seulement votre consommation globale de sucre, ce qui n’est pas une bonne idée, notamment avec la candidose qui envahit de plus en plus de monde. Choisissez simplement des aliments à teneur réduite en fructose comme solutions de rechange. (R)

Les fruits avec excès de fructose (les premiers étant les moins équilibrés) :

Miel, Pommes, Poires, Mangues, Mandarine,  Pêches, Cerises, Figues mais tous les fruits séchés, Orange, Melon, Pastèques, Raisins, Goyaves (non mûres), Banane, Papaye, Litchi, Ananas, Coing, les baies en grande quantité, Sirop d’érable, Sirop de maïs à haute teneur en fructose, Vins doux, tous les jus de
fruits et surtout en concentré (l’eau reste la meilleure boisson)

Comme quoi les dictons ne sont pas toujours des valeurs sûres, je pense à celui-ci « Une pomme par jour éloigne le médecin »
De plus la pomme contient une grande quantité d’arabinose, le sucre préféré du candida.

L’intolérance au fructose peut entraîner celle aux fructanes puisqu’ils sont un assemblage
fructose-fructose, mais certains légumes ou aliments sont aussi riches en fructose : Artichaut, Asperges, Topinambours, Pois sucré, Orge, Chocolat, Oignons, Farine blanche, Pâtes alimentaires, Pain blanc

Cuire les fruits diminue leur teneur en fructose et plus généralement la cuisson améliore
la digestibilité des légumes et leur quantité de lectines.

Et les alcools du sucre dits polyols :

Au moins 70% des polyols ne sont pas absorbés chez des individus en bonne santé. Le glucose n’améliore pas leur absorption et le fructose l’aggrave. (R)

La prolifération microbienne de l’intestin grêle est une maladie chronique et la pratique montre que l’utilisation d’antibiotiques peut donner des résultats, mais le problème fini en général par revenir. On voit ici que limiter drastiquement sa consommation de fructose et polyols serait sans doute une bien meilleure approche ou alors utiliser les deux en même temps. Avec le grand risque de créer des résistances et d’aggraver la candidose.

Pommes, Abricots, Mûres, Cerises, Poires, Nectarines, Prunes, Pruneaux, Litchis, Pastèque, Avocat, Cassis, Melon, Mûres, Noix de coco, Chou-fleur, Brocoli, Céleri, Champignons, Pois mange-tout, Maïs sucré, Patate douce, Édulcorants (Xylitol, Sorbitol, Mannitol, Isomalt , Maltitol) (R)

Un régime riche en prébiotiques notamment fructanes et galactanes est considéré comme un régime sain pour la population générale. Les fibres prébiotiques favorisent un équilibre sain des bactéries intestinales, ce qui peut favoriser la digestion, l’absorption des minéraux et la fonction du système immunitaire et beaucoup d’autres bienfaits. J’en parlais déjà dans mon article sur la diète cétogène verte.

Pour ceux qui ne trouvent pas soulagement, comme pour le régime sans FODMAP, une étude de 2017 a constaté que les personnes ayant suivi le régime d’éviction guidés par les tests d’activation des leucocytes comme l’Alcat test, se sont bien mieux portées dans l’ensemble et en termes de gravité des symptômes que celles qui ont suivi un régime usuellement conseillé. (R)

Pour certains, l’une ou l’autre approche pourrait donner de bons résultats, pour d’autres une combinaison des deux, voire une combinaison avec d’autres approches comme j’ai dû le faire.

Comment procéder?

Le régime limité en FODMAP doit être pratiqué sur une période de 6 à 8 semaines, il aide à réduire les bactéries opportunistes dans votre intesin grêle. Le régime strict n’est pas conseillé sur le long terme car cela altère la diversité et qualité du microbiote colonique.(R) (R)

Les fibres prébiotiques favorisent un équilibre sain des bactéries intestinales, ce qui peut favoriser la digestion, l’absorption des minéraux et la fonction du système immunitaire et beaucoup d’autres bienfaits. J’en parlais déjà dans mon article sur la diète cétogène verte.

Lors de cette éviction il est possible d’avoir des réactions de détoxication, nommées aussi crises de guérison ou réaction d’Herxeimer. Lisez cet article pour mieux comprendre

Pour les plus malades, je pense que la progression est importante afin d’éviter des effets secondaires des changements trop violents. Cette vidéo pourrait vous éclairer

Après cette période, vous allez pouvoir réintroduire un à un de petites quantités d’abord.

Il se peut aussi que vous n’obteniez pas les résultats attendus car les maladies digestives sont complexes et plusieurs autres éléments peuvent entretenir les symptômes digestifs ou extra-digestifs comme par exemple les lectines dont je parlais plus haut ou les salicylates, les oxalates etc.

Un aliment pauvre en FODMAP ne vous convient pas forcément.
J’ai pu observer une erreur fréquente chez les malades qui passent d’un régime à l’autre, ou d’un protocole à l’autre alors que c’est souvent un assemblage qui convient. 

Vous l’aurez compris, la tolérance dépend de chacun, je vous invite à tenir un journal quotidien des aliments ingérés et de vos symptômes ainsi après quelques semaines vous pourrez faire des recoupements et obtenir des informations toutes personnelles.

Pratiquer la rotation est un concept qui permet d’éviter de surcharger toujours avec les mêmes aliments, cela évite de toujours nourrir les mêmes micro-organismes ainsi ils ne prennent pas le dessus, ce qui signifie aussi que vous serez moins sujet à l’hyperphagie (sur-alimentation). Un aliment ne devrait pas être consommé plus d’une fois tous les 5 jours et parfois le mieux est de pratiquer une rotation plus longue. Si vous manger du riz le lundi alors au moins ne pas en consommer à nouveau avant le vendredi. Pour certains aliments mieux vaut une rotation plus longue, sur une dizaine de jours ou même plus.

Manger le plus simple possible. Nous avons tendance à vouloir de la variété dans une même
assiette alors que cela alourdit la digestion. Ainsi, différents micro-organismes sont nourris et ils se mènent une guerre pour leur territoire, ce qui n’est évidemment pas sans effet sur nos intestins.

La frugalité est aussi notre amie. Dans l’ensemble, je pense que nous dépassons presqu’en permanence nos besoins réels. Plus nous nourrissons les pathogènes avec des aliments  délétères, plus ils réclament et moins il en reste pour nous.

Fedora Gellwen

 

Laisser un commentaire